Sur les concepts d’économie en général et d’économie solidaire en particulier

Revue du MAUSS 2003/1 (no 21)

Alain Caillé, 2003

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Resumen :

Apparue il y a une dizaine d’années, l’idée d’une économie solidaire a pris ces derniers temps un essor et une ampleur étonnants. Il n’est pas exagéré de dire que depuis ces deux dernières années, à la suite notamment des sommets alternatifs mondiaux de Porto Alegre, elle est devenue le signifiant principal à travers lequel s’expriment désormais à l’échelle planétaire les aspirations à une « autre mondialisation », à une mondialisation non libérale ou non ultralibérale, et donc à une « autre économie ». Le triomphe de ce signifiant n’allait nullement de soi a priori. Il s’est de fait heurté tout d’abord à de fortes critiques à la fois de la part des représentants d’alternatives économiques réformistes plus anciennes – les tenants, en France par exemple, de l’« économie sociale » – et de celle des contempteurs les plus révolutionnaires de l’économie capitaliste. À quoi bon créer une nouvelle notion et brandir un nouvel idéal, objectaient les premiers, alors que l’économie sociale – en un mot, le réseau des coopératives – a déjà fait la preuve de sa viabilité et jouit d’une légitimité historique ? Quant aux plus révolutionnaires, ils ont d’abord stigmatisé la dimension caritative et anti-politique qu’ils croyaient déceler sous l’appel à la solidarité, puis dénoncé vertement l’appel à la création de « petits boulots » ou l’émergence possible d’une « nouvelle domesticité ». Plus généralement, pour eux, le projet d’une économie solidaire apparaissait comme une manière offerte au capitalisme de traiter au meilleur coût la question sociale, en faisant gérer misère et pauvreté non par des fonctionnaires responsables et bien formés, mais par des bénévoles inefficaces et aux motivations douteuses.

 

Pourtant, malgré toutes ces préventions, la référence à l’économie solidaire semble désormais rassembler le plus grand nombre de ceux qui, à des degrés divers, cherchent remède aux dégâts du tout-marché.

Fuentes :

www.cairn.info/revue-du-mauss-2003-1-page-215.htm