L’ONU et la réforme radicale du système international

Rosa Luxembourg Stiftung

Gustave Massiah, novembre 2023

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Résumé :

Un nouvel article de Gustave Massiah, avec 22 propositions de réformes du système des Nations Unies

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a été créée dans une période particulière, celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle s’est inspirée de l’expérience de la Société des Nations (SDN), de ses limites et de ses échecs. La SDN, fondée par le Traité de Versailles en 1919 et dissoute en 1946, a en effet été une des premières organisations intergouvernementales créée pour « développer la coopération entre les nations et leur garantir la paix et la sécurité ». En 1945, l’ONU est donc créée pour favoriser des relations amicales entre les États, fondées sur le respect du principe de l’égalité des droits des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes et, ainsi, par extension, pour défendre les droits de l’homme. Il est difficile de définir à priori ce que seront les conditions de création d’une nouvelle organisation internationale, d’une nouvelle instance du droit international. Celle-ci dépendra, en partie, de la situation lors de sa création. Elle dépendra aussi des leçons qui seront tirées de l’histoire des Nations Unies. A partir des avancées et des limites des Nations Unies, nous nous proposons de rappeler quelques leçons et de formuler quelques propositions pour une nouvelle progression du droit international.

Nous devons aussi tenir compte des caractéristiques de la crise structurelle actuelle, même si nous ne sommes pas en mesure d’en définir les issues. Les contradictions sociales, écologiques, politiques, idéologiques sont toujours très présentes, dans chaque pays comme à l’échelle mondiale. La crise, par certains côtés rappelle celle des années 1930. Même si les situations ne se reproduisent jamais pareillement, la référence permet de réfléchir à la conjonction d’une crise économique et sociale, aux guerres, aux alliances entre les droites et les extrêmes droites, aux changements géopolitiques. La première phase de la décolonisation, celle de l’indépendance des Etats est à peu près achevée, à quelques lourdes exceptions près comme celle de la Palestine. La libération des nations et des peuples est à peine commencée. La situation politique internationale est marquée par une forte contradiction : une tendance à la montée des alliances entre les droites et les extrêmes droites qui occupe les scènes politiques et à l’opposé, la radicalité des mouvements sociaux, notamment les mouvements féministes, écologiques, antiracistes, des migrations, de l’antiracisme, des peuples premiers.

Dans la situation actuelle, trois types de contradictions prennent une grande importance. La première concerne la question sociale, les rapports entre les classes sociales, avec l’importance considérable des inégalités et des discriminations. La deuxième concerne un élément nouveau et déterminant, celui de la rupture écologique, de la manière de penser la Nature, le climat, la biodiversité. La troisième concerne la guerre et la démocratie, nationale et internationale. La démocratie interroge les rapports entre le politique et l’idéologique. La démocratie locale intègre les territoires et les différentes formes de municipalisme. La démocratie nationale interroge les rapports entre les peuples, les nations et les Etats. La démocratie mondiale passe par la démocratie internationale qui, dans sa forme existante, se réfère au système des Nations Unies qui doit être radicalement réformé et réinventé.

Sources :

rosalux-geneva.org/fr/lonu-et-la-reforme-radicale-du-systeme-international/