Favoriser la création d’entreprises sociales sur les territoires

Panorama et bonnes pratiques de dispositifs d’appui à l’émergence, au développement et à la pérennisation des entreprises de l’ESS

février 2012

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Résumé :

Après cinq ans d’existence, seules 46 % des entreprises non accompagnées existent encore, contre 70 % pour celles qui ont été accompagnées (source : Défis 2003). C’est peu de dire que l’accompagnement est un sujet majeur pour les entreprises et davantage encore pour ceux et celles qui portent des projets d’entreprises innovantes socialement ! Ainsi, pour mieux accompagner les entrepreneurs sociaux dans leur dynamique de création et de développement, de nombreux dispositifs novateurs, extrêmement divers, ont vu le jour ces dernières années. Incubateurs, pépinières, générateurs de projets, pôles de coopération, sont autant de différents modèles en émergence. Créés par les acteurs de l’ESS, en partenariat avec les collectivités territoriales, ils se sont construits pour apporter des réponses adaptées aux entrepreneurs collectifs ou individuels porteurs d’un projet d’intérêt général ou solidaire. Encore récentes pour la plupart, ces initiatives suscitent beaucoup d’intérêt tout en étant mal connues.

Comment fonctionnent ces dispositifs ? Sont-ils efficaces ? Quel est leur impact ? Comment choisir le plus adapté pour construire un système d’accompagnement performant dans un territoire ? Afin de répondre à ces questions, La Mutuelle Chorum et son centre de ressources et d’action CIDES, en partenariat avec l’agence Odyssem, un cabinet d’experts sur les initiatives sociales, vient de publier une étude sur un panel représentatif d’une dizaine de dispositifs. Elle permet de comprendre, de manière concrète et opérationnelle, comment multiplier le nombre d’initiatives sociales de qualité et leur impact dans les territoires. Précise, l’étude se déroule en deux volets : le premier livre une analyse approfondie des bonnes pratiques et des effets levier qui peuvent améliorer l’impact des structures d’accompagnement ; le second est constitué d’études de cas.

Comparaison des pratiques et préconisations

La première partie de l’étude distingue deux voies majeures d’accompagnement à la création d’une entreprise sociale. La première est construite autour du créateur de projet, c’est par exemple, l’incubateur Antropia, porté par l’Institut de l’Innovation et de l’entrepreneuriat social de l’école supérieur des sciences économiques et commerciales de l’ESSEC, qui sélectionne tous les ans 10 à 15 porteurs de projet et adjoint à chacun un accompagnateur qui les suivra tout au long du processus de création. L’autre voie est centrée autour du projet lui-même. C’est, par exemple, le métier de la Scic Réplic, qui agit en partenariat avec les collectivités locales pour identifier un besoin auquel on n’a pas encore répondu dans la proximité géographique. Un chargé de mission Réplic monte alors l’étude de marché, crée le « business model », et recherche ensuite un repreneur volontaire pour porter opérationnellement la création de l’entreprise sociale. Sept entreprises ont déjà été créées par Réplic sous ce modèle et trois sont en cours. Les stratégies diffèrent d’un acteur à l’autre, toutefois les ingrédients déterminant le succès sont les mêmes : n’accompagner ni trop, ni trop peu, le porteur de projet, sécuriser les trois étapes-clefs du processus de création (sélection exigeante du duo porteur/ projet, étude d’opportunité et de faisabilité rigoureuse, financements sécurisés avant que l’entreprise se lance), permettre aux porteurs de projet d’échanger pour partager leurs problèmes, leurs idées et se soutenir mutuellement.

L’étude souligne aussi que l’existence des réseaux qui mettent en cohérence les différents acteurs de l’accompagnement dans un même territoire apporte une vraie plus-value et pour le territoire et pour le développement des projets accompagnés, à l’image du réseau Realis, créé en Languedoc-Roussillon sous l’impulsion de l’URScop (Union régionale des SCOP) et de la CRES (Chambre régionale de l’économie sociale), et porteur d’un développement d’initiatives à l’œuvre sur les territoires tout en augmentant leur impact.

Les études de cas

La seconde partie de l’étude permet de découvrir les stratégies élaborées par chaque structure d’accompagnement. On y trouve détaillés : un historique, la mission du dispositif, et les chiffres-clefs (nombre d’entreprises créées, sources et montant des revenus, etc.). On peut y piocher également des explications fournies par des responsables des structures, telles celles de Christophe Chevalier, revenant sur la création du premier Pôle territorial de coopération économique, Pôle Sud, dont il a la charge dans la région de Romans dans la Drôme, qui identifie les lignes de force (catalyseur de compétences, accès à une large diversité d’acteurs, plaisir du travail en coopération, etc.), mais aussi les freins (taille, niveau d’investissement, animateur du Pôle à trouver) au développement de l’activité de son Pôle et les leviers qu’il faut activer pour les lever. Les études de cas présentées ici sont de belles sources d’inspiration pour ceux qui désireraient contribuer à leur tour au soutien et à l’accompagnement d’entreprises sociales en création : on y trouve toutes les clefs du succès… et les pistes à explorer pour en améliorer l’efficacité !

Sources :

Site du CIDES